L'histoire culturelle tchèque

L'arrivée des Slaves à la fin du Ve siècle sur l'actuel territoire de la République tchèque marqua le début d'une ère de développement artistique continu. L'ascension du royaume de Grande-Moravie et l'introduction du christianisme amenèrent l'érection d'innombrable églises de pierre ainsi que le début de la littérature de cette région en vieux slavon, tel que consigné dans d'ancestraux hymnes liturgiques et chants grégoriens.

Au cours de la seconde moitié du 9e siècle, les styles artistiques de la Grande-Moravie commencèrent à influencer ceux de Bohème (par exemple, la rotonde de Saint-Clément à Levý Hradec). Au 11e siècle, l'Allemagne du sud influença l'architecture et les enluminures de manuscrits (par exemple, le Codex Vyšehrad). La langue dominante en littérature fut, jusqu'au 14e siècle, le latin. L'art roman exerça une influence importante, particulièrement en ce qui concerne les lieux de culte (par exemple au château de Prague, Strahov et Doksany). La plupart des résidences royales et palais (tel qu'à Olomouc et Prague), châteaux romans (Primda) et résidences urbaines furent construits dans ce style à tours

Le 13e siècle marqua l'introduction du style gothique qui se manifesta dans la construction de châteaux et dans l'architecture des monastères cisterciens. Parmi les édifices gothiques toujours existants et dignes de mention, l'on retrouve la cathédrale de Sedlec, près de Kutná Hora; les monastères de Vyssi Brod et de Zlata en Bohème du sud; et les châteaux de Krivoklat, Pernstejn et Kost. C'est à cette époque que l'on commença à écrire en langue tchèque.

L'art gothique atteignit son sommet au cours des règnes de Charles IV et Vaclav IV, à une époque où les territoires tchèques devinrent l'un des principaux centres de la culture européenne. L'atelier de la cathédrale Saint-Guy, d'abord dirigé par Matyas d'Arras et ensuite par Peter Parler, contribua de façon significative aux efforts artistiques de l'époque, entre autres à la reconstruction du château de Prague, à la construction de la cathédrale Saint-Guy et des tombeaux des Prémyslides, ainsi qu'aux décorations des tours du pont. Les tableaux des artistes de la cour, tels que Théodoric, Oswald et Wurmser, furent utilisés pour décorer Karlstejn, le monastère de Emauzy, la chapelle Saint- Wenceslas de Saint-Guy, et autres monuments.

Au cours du 14e siècle, les hymnes ecclésiastiques devinrent de plus en plus sophistiqués et influencèrent plusieurs compositions profanes. Les oeuvres de certains de ces premiers compositeurs ont pu être préservées. L'architecture de la Renaissance fut introduite à cette époque par des architectes italiens. Un des exemples les plus notables de ce style est Stella, la résidence estivale de la reine Anne. Plusieurs nouveaux types de constructions laïques furent alors bâtis, incluant des résidences d'été ainsi que des châteaux impériaux et aristocratiques (par exemple, Ceský Krumlov, Jindrichuv Hradec et Budejovice), souvent décorés avec des graffitis, murailles et du stuc (par exemple, Hvezda et Kratochvíle).

De cet entremêlement de formes locales et italiennes naquit le style Renaissance tchèque, style qui prévaut toujours dans l'architecture de notre époque (par exemple, les hôtels de ville et résidences patriciennes). Notons à cet égard Telc, une ville représentative de cette époque, faisant partie de la liste du patrimoine mondial de l'Unesco, tout comme Prague, Ceský Krumlov, Kutna Hora, Holasovice et Ledice. Rychnovský, Trojan et Harant développèrent le chant polyphonique de la Renaissance. Les activités des Frères de Bohème, plus particulièrement leur traductions de la Bible en tchèque (la Bible de Kralice), contribuèrent également au développement de la culture et de la littérature tchèque de l'époque.

À la fin du 16e siècle, un centre international de maniérisme fut créé à la cour de l'empereur Rodolphe II, successeur de Charles IV, un centre que développèrent Vries, Spranger, von Aachen, Arcimboldo et d'autres. L'on y cultiva les arts et les sciences, particulièrement la musique. La cour de l'empereur à Prague fut hôte et mécène de plusieurs célébrités de la Renaissance, notamment le célèbre astronome Tycho Brahé. La re-catéchisation de l'époque amena plusieurs nouveaux éléments baroques à l'architecture, par exemple : les édifices Valdstejn, à Prague et à Jicin; les bâtiments des jésuites à Klementinum; le palais Cerninsky de Prague; et le château Troja. Michna, Cernohorsky et Zelenka furent parmi les premiers compositeurs baroque, et la poésie baroque tchèque atteignit son apogée à cette époque avec Bridel, probablement son plus célèbre poète.

Le Baroque italien fit son entrée en Bohème au 18e siècle et influença le Baroque tchèque. Dienzenhofer et Santini, les précurseurs du phénomène tchèque du Baroque gothique, comptent parmi les grands architectes de ce genre. En sculpture, les oeuvre de Braun et de Brokoff sont des modèles du genre. La peinture devint une synthèse des éléments baroques qui furent utilisés principalement pour les portraits et les retables. Se démarquent : les oeuvres de Brandl, les portraits de Kupecký, les tapisseries de murailles de Reiner et les graphiques de Hollar. Quelques compositeurs de Bohème ont contribué de façon significative au monde de la musique de l'époque, entre autres Benda, Rejcha, et Myslivecek.

Au début du 19e siècle, le Classicisme atteignit son apogée avec le style napoléonien, entre autres utilisé pour les sculptures de tombeaux et monuments. Machek, Mánes et Navratil, qui combinèrent le Classicisme au Romantisme et aux idéaux du revivalisme, rajeunirent la peinture qui entra lentement dans sa phase classique au cours de ce siècle. Purkyne et Kosárek comptent parmi les autres peintres classiques de l'époque. En poésie romantique, Mai de Mácha raviva la littérature tchèque à une nouvelle norme européenne. Des écrivains tels que Vrchlicky, Sladek et Zeyer incorporèrent, eux aussi, la littérature tchèque dans le contexte européen.

Également au 19e siècle, l'architecture tchèque pseudo-historique s'exprima à sa façon dans plusieurs oeuvres néo-Renaissance, incluant celles de Zitek, Schultz et Wiechl. Le Théâtre national contribua à l'architecture des monuments contemporains. C'est à la même époque que se développèrent le genre socialement harmonieux de Schikaneder et les paysages réalistes de Chitussi. La musique classique tchèque se développa grâce aux oeuvres de Bedřich Smetana, Antonín Dvorák et Zdenek Fibich. L'Orchestre philharmonique tchèque, de renommée mondiale, fut créé en 1894.

Au début du 20e siècle, les influences européennes des années 1890 furent intégrées aux traditions tchèques. Le Symbolisme et l'Impressionnisme atteignirent leur apogée avec les oeuvres de Preisler et de Slavícek. Le célèbre artiste Mucha contribua au développement de l'Art nouveau européen. Le Groupe des Huit, le Groupe Tvrdosijni et le Groupe des Arts graphiques débutèrent leurs expériences avec l'Expressionnisme et le Cubisme. Kremlicka allia les tendances modernes à ses propres combinaisons originales. Tichy, qui peignit des scènes de cirque, remodela les élans de Seurat. Le Modernisme tchèque (par exemple, Gocar, Honzík et Janák) fit son apparition en architecture et se développa en Fonctionnalisme après la Première Guerre mondiale. Les années 1930 marquèrent l'ascension du Surréalisme (Tyrsky et Toyen) et des tendances expressives. Capek, Vancura, Durych, Cep, Nezval, Holan, Zahradnicek et Seifert créèrent des chefs-d'œuvre de la littérature tchèque.

Entre 1890 et 1930, les compositeurs de premier plan comptent parmi eux Janacek, Foerster, Novak et Suk.

La Villa Tugenhad de Brno et le Veletrcni palac de Prague sont des exemples représentatifs des styles architecturaux modernes, plus particulièrement du Constructivisme et du Fonctionnalisme moderne.

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